Onze députés girondins de gauche – dix socialistes et un écologiste – siègent actuellement à l’Assemblée nationale. Sont-ils oisifs ou actifs ? Plus ou moins présents et productifs que les députés de gauche des autres circonscriptions de France ? Nous avons quantifié, dix mois après leur élection, l’activité des onze parlementaires girondins dans leur travail en commissions, leur prise de parole, leur participation à l’élaboration des lois et les questions au gouvernement. Notes, classement et réactions de quelques-uns.
Sandrine Doucet (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 1e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation
- Membre de la commission des affaires européennes
- Premier mandat en tant que députée
- Pas d’autre mandat
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- Sandrine Doucet, quelle est selon vous la mission essentielle d’un député?
C’est mon premier mandat. J’avance pas à pas, tout m’intéresse, tout me semble essentiel et c’est donc très difficile de hiérarchiser. Nous sommes quand même au sommet de l’Etat. 577 députés pour l’ensemble de la France, c’est dire l’importance de nos responsabilités, de nos missions… et tout doit donc être traité avec la même importance.
- Mais pour les députés comme vous, dont c’est le premier mandat, comment cela se passe-t-il ?
C’est la méthode-marteau. Il faut apprendre vite. Il faut s’initier. Mais tout est fait pour que l’on s’empare très vite de la situation : l’administration est efficace, nous avons de bons collaborateurs…S’il n’y a pas vraiment de formation, tout est fait pour que l’on apprenne vite. On peut très bien être avisé de tout le travail parlementaire qui se fait et ce, quelque soit la question. Mais évidemment, le temps fait la sélection !
- Nous avons constaté que vous êtes la seule parmi les députés de Gironde à ne pas cumuler les mandats, est-ce par choix ?
Lorsque j’ai été élue, j’étais suppléante au conseil général. Je n’avais certes pas de mandat, mais j’avais des responsabilités : il faut bien faire la distinction entre les deux ! Mais oui c’est un choix, je ne me proposerai pas à d’autres mandats. Je ne me représenterai pas aux prochaines élections municipales pour le PS. Le travail que demande le mandat de député, je me dois de m’y consacrer. Et puis il y a une forte demande des citoyens d’aller vers le non-cumul des mandats, et je pense que c’est une bonne chose.
- Notre barème montre que le domaine dans lequel vous êtes la moins active est la prise de parole, comment l’expliquez-vous ?
Dans l’hémicycle, le temps de parole est extrêmement compté. Il est de deux minutes par député. Les prises de parole sont aussi un exercice de communication. Nous prenons la parole pour être vus des électeurs. Cela fait partie des motivations de beaucoup de députés…et de la mienne aussi ! Mais si un député prend la parole en amont, cela ne signifie pas qu’il sera présent dans l’hémicycle et assistera à tous les débats. Il faut être prudent avec le site nosdeputes.fr, c’est uniquement quantitatif, et cela ne reflète pas la réalité du temps de parole.
- Que pensez-vous justement des résultats fournis par le site ?
C’est un peu la course à la performance médiatique, un peu surfait. Je regarde parfois ce site, mais on s’en détache au fur et à mesure. On réalise qu’il n’y a pas de liens entre le temps de parole et le travail que l’on peut y faire. Cela comptabilise tout ce qui est apparent, tout ce qui est fourni par les publications de l’Assemblée, mais cela ne veut pas dire pour autant que le député a passé plus ou moins de temps à l’Assemblée. Entre les débats sur le Mariage pour tous, les amendements sur l’enseignement supérieur et la recherche… tout n’est pas quantifié, et n’apparaît pas dans les statistiques ! Il faut surtout permettre aux citoyens d’avoir une meilleure connaissance de ce qu’est le travail de député. Personnellement, j’envisage de faire un compte-rendu de mandat, d’abord aux militants PS, puis l’élargir aux sympathisants et habitants.
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Vincent Feltesse (PS)
- Date de début du mandat : 22 juillet 2012
- 2e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation
- Premier mandat en tant que député
- Deux autres mandats : Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux et conseiller municipal de Blanquefort
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- Vincent Feltesse, quelle est selon vous l’activité essentielle d’un député ?
La constitution est précise : faire la loi. Légiférer. Je suis plutôt axé sur le travail en commissions et le travail en amont de celles-ci. J’ai eu et j’ai toujours des responsabilités nationales. Je discute beaucoup avec les ministres ou avec les cabinets ministériels. Je travaille sur plusieurs textes et sur leur évolution.
- Votre mandat de président de la Communauté Urbaine de Bordeaux a-t-il un impact sur votre travail de député ?
Je suis un hyperactif boulimique. J’ai toujours eu beaucoup d’activités parallèles. Je me nourris de mes activités car je trouve important d’avoir différents points de vue. Mes responsabilités à la CUB ont un impact réél sur la manière dont je conçois la loi.
- Selon notre baromètre, vous apparaissez pourtant parmi les députés de Gironde les moins actifs…
Ce calcul des baromètres peut dévoyer le travail parlementaire. Les députés savent qu’ils sont notés. En conséquence, nous posons tous beaucoup de questions en réunion de commissions. Je suis dans ce que je pense être utile pour mon territoire. Je me concentre sur quelques lois. Aujourd’hui il y a une tendance à tout quantifier, sauf que le travail parlementaire est un petit peu plus subtil que ça.
- Notre baromètre montre que le domaine dans lequel vous êtes le moins actif est justement le travail en commissions. Comment l’expliquez-vous ?
Le déroulement des commissions est devenu assez incroyable. Chaque député qui pose une question gagne un point. Le système est complètement biaisé et je ne pense pas que ce soit sain de fonctionner comme ça. Il n’y a pas forcément de discussion en commissions. C’est une litanie de questions. Ce qui est plus intéressant, c’est d’être rapporteur d’un projet de loi, responsable d’un groupe de travail, de discuter avec les ministres ou d’arriver à faire influer les choses. Au sujet de la présence, il faut noter que je suis arrivé un mois après les autres après la nomination de Michèle Delaunay au ministère de la santé.
- C’est votre premier mandat de député, comment avez-vous vécu votre arrivée à l’Assemblée ?
Il y a une espèce de rite initiatique, on ne vous dit rien. Vous devez vous débrouiller tout seul. Je trouve que le travail de député en France n’est pas très sérieux. Il serait souhaitable d’être mieux formé sur la manière dont fonctionne l’Assemblée Nationale. Le travail d’un parlementaire est extrêmement infantilisant. Le site nosdeputes.fr ne se base pas sur des données tout à fait justes, je ne dis pas ça parce que je suis mal noté ! Mais ils établissent leur notation sur un système propre à la France, que je ne juge pas assez satisfaisant. Les débats sont encore très théâtraux et peu efficaces. En ce sens, ce site a une nette influence sur le travail parlementaire.
- Si la loi sur le non-cumul des mandats passait, lequel choisiriez-vous ?
Je ne suis pas tout à fait député, je suis suppléant du ministre, mon ancrage est d’abord local. Si Michèle Delaunay revenait à l’Assemblée, je ne serais donc plus député. Quant à savoir si je me représenterais en 2017, nous n’en sommes pas encore là. Mon objectif durant ces quelques mois en tant que député, c’est de faire évoluer les lois, de défendre mon territoire et de faire évoluer le fonctionnement institutionnel de notre pays qui en a bien besoin.
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Noël Mamère (EELV)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 3e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires étrangères
- Quatrième mandat en tant que député
- Un autre mandat : maire de Bègles
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- Noël Mamère, quelle est la part du travail de député qui vous semble la plus essentielle ?
Le travail du député constitue un ensemble. Il concerne le travail en commissions, mais il faut aussi se servir de l’Assemblée comme une tribune politique. Ce dernier point a constitué un atout majeur pour les écologistes.
- Vous êtes également maire de Bègles. Nous avons constaté que cela n’avait pas d’impact sur votre activité à l’Assemblée Nationale. Le mandat de terrain stimule-t-il votre activité parlementaire ?
Il faut éviter de devenir un élu « hors sol ». Le mandat de terrain permet d’envisager les difficultés d’application, d’adaptation face à certains textes. De manière concrète, il permet de rencontrer plus facilement les acteurs touchés par des réformes. Cependant, cette proximité avec la circonscription n’est pas l’apanage des élus locaux puisque nombre de députés restent très attachés au territoire qui l’a élu et continuent d’exercer un véritable dialogue avec les électeurs.
- Quelle est votre position concernant la loi du non-cumul des mandats ?
La limitation du cumul des mandats doit nécessairement s’accompagner d’une meilleure représentativité de la société. Et une dose de proportionnelle irait dans ce sens. Mais c’est surtout le statut de l’élu qui doit être réformé. Contrairement au projet du Gouvernement, il faut à mon sens, appliquer cette réforme dès 2014 et c’est ce que j’entends faire sans pour autant avoir déterminé le mandat que je souhaite privilégier.
- Les résultats de notre enquête montrent que vous êtes moins actif que les autres députés, pour les questions au gouvernement. Quelle est votre réaction ? Comment l’expliquez-vous ?
Les questions au Gouvernement constituent le travail parlementaire le plus visible mais pas le plus important. De plus, c’est la première fois que j’appartiens à un groupe parlementaire constitué dans lequel les questions sont réparties chaque semaine en fonction des sujets et des députés.
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Conchita Lacuey (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 4e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires sociales
- Quatrième mandat en tant que député
- Un autre mandat : membre de la Communauté Urbaine de Bordeaux, maire de Floirac jusqu’en janvier 2013
Pascale Got (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 5e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires économiques
- Deuxième mandat en tant que députée
- Un autre mandat : conseillère générale de Gironde
Marie Récalde (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 6e circonscription de Gironde
- Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées
- Premier mandat en tant que député
- Un autres mandat : maire adjointe de Mérignac
Alain Rousset (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 7e circonscription de Gironde
- Membre de la commission de la défense nationale et des forces armées
- Deuxième mandat en tant que député
- Un autre mandat : président du Conseil Régional d’Aquitaine
Gilles Savary (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 9e circonscription de Gironde
- Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
- Premier mandat en tant que député
- Pas d’autre mandat, vice-président du Conseil Général de la Gironde jusqu’en avril 2013
Florent Boudié (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 10e circonscription de la Gironde
- Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
- Premier mandat en tant que député
- Un autre mandat : conseiller municipal de Pineuilh
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- Florent Boudié, quel est selon vous le travail essentiel d’un député ?
Si l’on se base uniquement sur la procédure législative, c’est à mon sens le travail en commissions. C’est le moment de débats sereins, constructifs et moins politisés, un véritable moment de réflexion approfondi sur les projets et les propositions de lois. Donc être présent lors des commissions et contribuer à l’élaboration des lois sont pour moi des missions essentielles. De manière plus générale, il faut aussi conserver une présence territoriale, entretenir un contact avec le tissu associatif, économique…être présent pour les citoyens, et au sein de l’Assemblée.
- Vous êtes aussi conseiller municipal à Pineuilh. Quel est votre avis sur le cumul des mandats ? Cela a t-il un impact sur votre travail parlementaire ?
Le débat actuel tourne autour du cumul de mandat parlementaire avec des mandats locaux. Mais pourquoi n’est-il jamais question du cumul de mandats locaux ? Je suis très étonné que cela ne fasse pas débat : être à la mairie, au conseil général, président de région … Ensuite, je suis plus pour un non-cumul des mandats dans le temps, afin de permettre un renouvellement de la génération politique. Concernant mon travail, cela n’a pas d’impact en terme de temps, car Pineuilh est une petite commune. Mon mandat local est davantage une source d’inspiration : il me renvoie à des questionnements extrêmement locaux et concrets.
- D’après le barème que nous avons effectué, vous faites partie des députés girondins les moins actifs en matière de travail en commissions et d’élaboration des lois, qu’en pensez-vous ?
Concernant les dépôts d’amendements, leurs signatures ou celle des lois, il faut être très précis. Certains vont signer des amendements à tour de bras car ils s’inscrivent dans une stratégie quantitative. La finalité est de monter dans les statistiques. Je fonctionne plus simplement, et choisis les amendements que je signe avec précision. J’estime en fait que mon rôle premier est d’amener le gouvernement à évoluer. Cela passe par des amendements que je peux signer, mais je crois qu’il faut aussi amener le gouvernement à s’amender lui-même pour réellement avancer. Il y a donc énormément de paramètres complexes à prendre en compte, qui ne sont pas révélés justement par le site que vous avez consulté, même si cela reste un bon indicateur qui permet de situer le travail des députés…mais avec une marge d’erreur.
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Philippe Plisson (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 11e circonscription de Gironde
- Membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire
- Deuxième mandat en tant que député
- Trois autres mandats : maire de Saint-Caprais-de-Blaye, président de la Communauté de communes de l’Estuaire et conseiller général de Gironde
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- Philippe Plisson, quel est selon vous le travail essentiel d’un député?
Sans hésitation, j’évoquerai le travail en commissions. Même si cela ne débouche pas toujours sur une loi, c’est à ce moment que l’on est réellement acteur de notre mandat. Il est vrai que certaines fois, le travail d’un député peut être flou. Un certain nombre d’élus, dont je fais partie, a parfois l’impression de ne pas se sentir assez utile, de n’être qu’un pion dans un échiquier. Cela peut vite s’avérer très frustrant.
- Pensez-vous que le site nosdeputes.fr ait une influence sur le travail de député?
Je ne suis jamais allé sur ce site et je n’y fais pas attention. Je me concentre sur le travail que j’ai à faire. Je suis député depuis six ans, et je n’ai pas vu d’évolution dans l’organisation des commissions. Les députés qui vous diront le contraire sont peut-être ceux qui ne vont pas en commissions, ou qui sont le moins bien notés.
- Vous êtes également maire de Saint-Caprais-de-Blaye, président de la communauté de communes de l’Estuaire et conseiller général. Comment faites-vous pour cumuler les quatre fonctions?
Il n’y a pas de secret, je travaille sans compter mes heures, souvent six jours sur sept. Il faut aussi savoir déléguer, d’où l’importance de savoir s’entourer de collaborateurs. Mes mandats locaux me permettent d’avoir une certaine expérience du terrain et de l’élection. Et les aspirations des nouveaux députés ne valent pas, selon moi, ces différentes expériences. Je dirais aussi que ces différentes fonctions sont complémentaires. Cela me permet de remonter à l’Assemblée des problématiques plus locales, et d’entretenir un lien étroit avec les citoyens. Etre député peut s’avérer très frustrant car ce travail à l’Assemblée nationale est bien moins concret que le travail local.
- Si la loi de non-cumul des mandats venait à passer, lequel choisiriez-vous de garder?
A Saint-Caprais où je suis maire depuis 30 ans, j’ai l’impression d’avoir accompli une grande partie de mon travail. Et si le travail de député peut être ingrat et générer beaucoup de pression, c’est certainement celui que je garderai. J’ai 62 ans et j’estime que ce mandat est l’aboutissement de trente ans d’engagement politique.
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Martine Faure (PS)
- Date de début du mandat : 20 juin 2012
- 12e circonscription de Gironde
- Membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation
- Deuxième mandat en tant que député
- Un autre mandat : conseillère municipale d’Aillas
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- Martine Faure, que pensez-vous du travail qui est fait par l’association Regards Citoyens, notamment ces tableurs de données sur nosdeputes.fr ?
Le sujet m’intéresse car cela me met en colère que l’on s’intéresse autant à ces chiffres. Ils ne reflètent pas forcément la réalité. Il y a une grande différence entre le travail effectué et les chiffres montrés. La réalité, c’est le temps que l’on passe à préparer les textes, à en discuter, à les faire évoluer. Ces données-là ne peuvent pas être retransmises réellement.
- Vous dites qu’il est difficile de participer, pourtant vous faites partie des députés les plus actifs en matière de prise de parole…
Il y a une grande différence entre un premier et un second mandat. Pour un second mandat, on est souvent plus à l’aise, plus tranquille. A ce moment-là, on vous propose plus la parole. Les autres parlementaires vous connaissent comme spécialiste d’une question. Cela apporte une légitimité. Lors du premier mandat, cela peut prendre du temps de l’acquérir.
- Justement, ce mandat est votre second, comment s’est passé votre premier ?
Assez mal jusqu’à mi-mandat. Je me trouvais dans une grande commission, la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Elle comprenait également les questions d’éducation. Il était assez compliqué de prendre la parole, de pouvoir avancer dans les débats, les propositions de lois. La commission a été scindée en deux. J’ai alors pris part à la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Le fonctionnement était bien meilleur. Avant, j’avais l’impression de ne pas servir à grand chose.
- Que pensez-vous de l’accueil qui est mis en place pour les nouveaux députés lors de leur arrivée à l’Assemblée Nationale ?
Justement, avant-hier, nous avons eu une journée complète d’informations pour échanger sur les dysfonctionnements au sein de l’Assemblée nationale. Il y a toujours beaucoup d’opacité sur plusieurs points. Par exemple, 9 mois après, il arrive que l’on ne sache toujours pas où il faut déposer les amendements. Il faut appuyer les nouveaux députés. Ce n’est pas parce que l’on est élu que l’on connaît naturellement tous les rouages. Il faut apprendre. Même élu dans les petites communes, il est nécessaire d’avoir un minimum de formation. L’Assemblée Nationale est une grosse machine.
- Vous êtes également conseillère municipale à Aillas ? Comment faites-vous pour cumuler ces deux fonctions ?
C’est très facile. Surtout car je connais bien cette commune, c’est celle où je suis née et où j’ai vécu. Le nombre de réunions est bien moindre, le conseil municipal a lieu une fois par mois. De plus, je suis juste conseillère municipale, le travail à fournir est moins important. Lors du début de mon premier mandat, je cumulais mon poste parlementaire et un siège de vice-présidente du conseil général de Gironde, c’était beaucoup plus difficile.
- Que pensez-vous du cumul des mandats ?
Je suis contre. C’est trop compliqué à gérer. C’est vraiment infernal, même avec la meilleure volonté du monde. La vie à l’Assemblée nationale dévore tout le temps que l’on a et même celui que l’on a pas. Il m’est arrivé, plus d’une fois, de passer une semaine complète sur Paris, du lundi au samedi. Pour moi, il est important d’arriver à dégager du temps pour me rendre sur le terrain, au sein de ma circonscription. Cela représente tout de même 158 communes.
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Qu’en est-il d’Yves Foulon, le 12e député ?
Nous avons fait le choix de consacrer notre enquête aux députés de la majorité et d’écarter Yves Foulon, député UMP de la 8e circonscription de la Gironde. Il est le seul élu de droite du département et les données concernant son activité à l’Assemblée ne pouvaient pas être comparées à celles des députés de la majorité. Depuis 10 mois, son mandat de député de l’opposition l’a amené à effectuer un travail distinct de celui des députés de la majorité. Celui-ci s’exprime particulièrement dans le nombre d’amendements signés.
Entretien avec Tangui Morlier, fondateur de l’association Regards Citoyens, créateur du site nosdeputes.fr (cliquez pour dérouler)
- Quel était votre but en créant ce site ?
Nous souhaitions valoriser l’activité des parlementaires. Il n’est pas toujours facile de voir ce qu’ils font vraiment, comprendre la diversité de ce travail. Ce n’est pas uniquement les questions au gouvernement, ce que l’on peut voir les mercredi après-midi sur France 3 ou LCP.
Pour nous, le site a deux utilités principales. D’une part, fournir des informations claires et facilement compréhensibles pour les internautes sur le travail effectué par leur député. D’autre part, montrer le travail qui est fait sur différentes thématiques : l’écologie, l’éducation…
- Comment fonctionne le site ? Comment sont récupérées les données ?
Tous les chiffres et documents que nous exploitons sont issus du . Nous avons des programmes qui parcourent les fichiers pour comptabiliser le nombre de fois où le nom de chaque député apparaît et dans quelle catégorie. De cette manière, nous actualisons nos données trois fois par jour.
- Les données de ce tableau sont uniquement quantitatives. Cela ne risque-t-il pas d’induire de fausses idées sur l’activité parlementaire ?
On ne peut pas résumer le travail que nous effectuons à la simple présentation de ces données. Nous effectuons également un travail qualitatif pour voir ce que chaque député met en place. Ces informations sont mises à disposition sur le site. Notre travail dépasse ce tableau de données. Ce n’est qu’un pourcent de notre activité et ce n’est qu’un pourcent des visites faites sur le site. Ce n’est pas forcément ce qui attire le plus les internautes.
- Certains députés vous reprochent d’influencer l’activité parlementaire à travers les chiffres que vous fournissez. Que leur répondez-vous ?
Les députés parlent de l’influence de nosdeputes.fr mais sans apporter d’éléments qui permettent de l’affirmer ou non. Rien ne le prouve. Nous exploitons des données transmises par l’Assemblée Nationale depuis six ans, et nous n’avons constaté aucun changement. Le nombre de propositions n’a pas vraiment changé, ni leur répartition en fonction des parlementaires. Il y a toujours eu une petite concurrence, mais je ne pense pas que nous soyons à l’origine de cela. Il s’agit de simples intuitions non vérifiées et d’arguments non valables.
Comment avons-nous travaillé ? (Cliquez pour dérouler)
A partir des données fournies par le site nosdeputes.fr, nous avons établi quatre catégories d’activités qui sont :
- Travail en commissions (présences et interventions)
- Prise de parole (interventions en hémicycle et interventions en commissions)
- Questions au gouvernement (questions écrites et orales)
- Elaboration des lois (amendements signés, adoptés, propositions écrites et signées)
Pour chacune de ces activités parlementaires, nous avons mis au point un barème de notation. Pour cela, nous avons comparé l’activité des députés des partis de gauche en Gironde à l’activité de l’ensemble des députés des partis de gauche de France.
Nous avons ensuite créé quatre niveaux, du moins actif au plus actif, et attribué des points à chaque niveau :
- 1 point pour les députés situés dans le niveau le moins actif,
- 2 points pour les députés situés dans le second niveau,
- 3 points pour les députés situés dans le troisième niveau,
- 4 points pour les députés situés dans le niveau le plus actif.
Nous avons enfin additionné les notes de chaque catégorie et converti les notes sur 10 pour harmoniser les barèmes.
Alice Pozycki, Géraldine Robin et Morgane Thimel