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Et toi, tu crèches où ?

À Bordeaux comme dans la plupart des villes françaises, de nombreuses familles ne trouvent pas de structure d’accueil pour leurs enfants. Pour contrer cette pénurie de places, la mairie tente de résoudre l’équation en diversifiant les types d’accueil : halte- garderie, multi- accueil, crèche associative ou d’entreprise. Problème : les critères d’admission sont contestables.

« 2000 enfants sur liste d’attente à Bordeaux » selon une directrice de crèche. « 800 à 1200 » selon la mairie. C’est comme pour les manifestations : personne ne s’accorde sur les chiffres. La seule certitude c’est la pénurie de places.


Avec un taux de 2,94 places en crèche par habitant, Bordeaux se situe parmi les mauvais élèves en terme d’accueil à la petite enfance

Pour faire face à cette pénurie, plutôt que de construire de nouvelles crèches municipales, la mairie accompagne financièrement crèches associatives, crèches d’entreprise, multi-accueils, halte garderie, assistantes maternelles. « Il faut comprendre qu’une place en crèche municipale coûte à la Ville environ 60 000 euros en investissement. Le coût de fonctionnement d’une place en crèche municipale s’élève aux alentours de 16 000 euros en moyenne par an, avant imputation des recettes des familles et de la Caisse des Allocations Familiales » explique Brigitte Collet, adjointe au maire chargée de l’enfance et de la famille. Selon elle, depuis le début du mandat d’Alain Juppé en 2008, la mairie tente de diversifier les structures d’accueil. Ainsi, à Bordeaux, environ un tiers des enfants pris en charge sont dans des crèches municipales, un tiers dans des crèches associatives, un dernier tiers est gardé par des assistantes maternelles.

5 600 places pour 9 000 enfants

Bordeaux compte près de 9 000 enfants âgés de 0 à 3 ans. Or, en 2008, il y avait seulement 5 000 places dans les structures d’accueil à la petite enfance. Aujourd’hui, 5600 places sont pourvues en crèches. Objectif pour la municipalité: atteindre la barre des 6000 d’ici 2014. « Il y a plus de demandes de places que d’offres. Du coup, la liste d’attente s’allonge. On est obligé de gérer au cas par cas, de donner la priorité à certaines familles selon l’urgence », explique une directrice de crèche située au centre ville de Bordeaux. D’après elle, « le temps d’attente peut varier de deux mois à deux ans pour les familles». Quant aux tarifs, ils sont proportionnels au revenu des foyers : une heure de garde oscille entre 0,35 et 2,70 euros, selon les moyens des familles.

 

Structures d’accueil à Bordeaux

“J’ai dû quitter mon travail pour garder mon fils”

Devant la crèche des Capucines, Pascasie raconte : « J’ai inscrit mon fils Thierry au bout de trois mois de grossesse et on a du patienter un an et demi avant qu’il soit pris en charge. En attendant, j’ai du arrêter mon travail pour m’occuper de lui ». Cela a été plus facile pour Angélique, qui habite le quartier. Les démarches ont été beaucoup plus rapides grâce à un « piston » de son pédiatre : « Il a passé un coup de fil et en trois mois c’était réglé ». Pour attribuer des places dans les crèches, la mairie se base sur plusieurs critères notés dans un système de points. Parmi les critères: l’urgence sociale, l’appartenance à une fratrie, la mutation, ou encore le fait de travailler à la mairie sont pris en compte (plus de précisions ci-dessous). Aucun projet ou construction de crèche municipale à l’horizon. Les listes d’attente ont encore de beaux jours devant elles.

Critères d’attribution de place en crèche

☆☆☆☆☆ Handicap ¹
☆☆☆☆☆ Mère mineure
☆☆☆☆☆ Parent isolé salarié
☆☆☆☆☆ Organisation atypique ²
☆☆☆☆ Deux parents qui travaillent
☆☆☆ Grossesses multiples
☆☆☆ Mutation professionnelle ³
☆☆☆ Fratrie dans une structure
☆☆ Parent isolé en recherche d’emploi
Trois enfants -12ans
Agent municipal ou associatif

 

Avec ce système, un parent isolé en recherche d’emploi est d’emblée pénalisé. Il rencontre des difficultés à placer son enfant en crèche et doit donc trouver un autre moyen de le faire garder ou doit s’en occuper lui-même, cela rend sa recherche d’emploi plus difficile. De plus un agent municipal bénéficie d’une certaine priorité alors qu’un couple de chômeurs en recherche d’emploi ne figure même pas dans cette hiérarchie.

Les critères sont cumulables. A nombre d’étoiles égal, la famille ayant fait une demande d’inscription en première est prioritaire.
Il existe par ailleurs le cas « d’urgence sociale » pour pallier les situations imprévues (cas de maltraitance signalé, séparation etc.). La mairie décide alors de l’attribution de place après un entretien avec la famille.

¹ Concerne l’enfant ou un membre de la famille.
² Horaires étendus ou cas d’un parent qui se déplace pendant plusieurs jours par semaine, etc.
³ De moins de trois mois à condition que les deux parents travaillent.

Audrey Parfait, Ludovic Ferro, Antony Milanesi

Vous pouvez encore consulter le site du datajournalismelab de 2012. Outre les productions des étudiants, vous y trouverez des documents visant à partager les expériences et la réflexion des nombreux acteurs de ce laboratoire autour d’un modus operandi de la formation au datajournalisme.